par Dominique RIGALDO

Ce n’est pas la première fois que les auteurs et compositeurs ont l’occasion de se retrouver, d’échanger et de travailler ensemble pour mieux être au service de l’Église et de la Liturgie.

Pensons aux rencontres et ateliers de l’ACCREL, qui se poursuivent depuis plus de vingt ans, aux propositions diverses faites par le SNPLS, aux journées organisées par le SECLI en lien avec l’ACCREL et le SNPLS, aux multiples initiatives de diocèses, de paroisses, de mouvements, ou encore aux week-end annuels du groupe des Chanteurs et Comédiens en Eglise, artistes bien souvent également auteurs et compositeurs au service de l’Église.

L’initiative lancée par Mgr Aubertin, qui pourrait ne pas être très novatrice, est pourtant originale : combien de fois depuis 1945, année de la première assemblée plénière de notre épiscopat à Lourdes, nos évêques se sont-ils intéressés à la question de la musique et du chant dans la liturgie ? Il suffit de regarder les thèmes des différentes sessions pour avoir la réponse.

Pourtant, entre l’adage prêté à St Augustin qui dit que « chanter c’est prier deux fois », nos frères chrétiens d’Orient qui considèrent que la langue liturgique par excellence est le chant et le Concile Vatican II lui-même qui veut favoriser  « le chant religieux populaire […] pour que […] la voix des fidèles puisse se faire entendre » dans la sainte liturgie, le service que nous menons est d’une importance indéniable qui mérite d’être reconnue.

Je souhaite vivement que cette invitation soit signe d’une véritable reconnaissance qui dépasse les mises en garde, les rappels à l’ordre, les critiques souvent voilées, parfois directes qui ont fait et qui font encore souffrir trop de créateurs chrétiens.

Personnellement, si j’ai pu rencontrer et collaborer avec de nombreux évêques, cela n’a pas encore été le cas avec Mgr Aubertin et je suis curieux de faire sa connaissance, peut-être parce qu’il y a au moins deux points communs qui nous lient : le souci de la liturgie, bien évidemment, chacun à travers notre mission en Église, mais aussi l’abbaye de Lérins, source féconde du monachisme occidental, dont il a été abbé il y a quelques années, après avoir été en paroisse dans l’Est de la France et avant d’avoir été nommé évêque de Chartres puis archevêque de Tours. Lérins, l’un des principaux lieux où je me suis formé à la liturgie, où j’ai pu découvrir combien elle était espace de liberté, de communion, de respiration vitale, tant pour le baptisé que pour l’Église, conception bien éloignée de ce que l’on m’avait inculqué au catéchisme, où l’on parlait de cérémonies mystérieuses où il fallait avoir peur de Dieu, et baisser la tête au bon moment, pour ne pas voir la foudre divine s’abattre sur soi.

Alors, je souhaite de tout cœur que le chemin qu’il nous propose aujourd’hui soit un chemin d’ouverture : comment, à travers l’expérience variée qui est la sienne, comment après avoir marché sur les pas de saint Honorat, figure de la jeunesse de l’Église qui a su ouvrir de nouveaux chemins, ne pourrait-il pas favoriser l’arc-en-ciel de nos différentes sensibilités à s’enrichir pour mieux être au service de la liturgie et laisser la polyphonie de Dieu chanter en nos vies ?

Dominique Rigaldo

novembre 2014